Jop 2024 : le sport est apparu comme un langage commun

Laure-Aurélia Guillou, directrice de la communication des ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche et des Sports et de la Jeunesse

Laure-Aurélia Guillou

Directrice de la communication, des ministères de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la recherche et des Sports et de la Jeunesse

Un an après les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, que reste-t-il de ce moment de grâce sportive et populaire ? L'héritage n'est pas qu'un mot : il se voit dans les rues, dans les clubs, dans les écoles, dans la pratique quotidienne de millions de Français. Le 14 septembre dernier, la Fête du sport a rassemblé toute une nation autour de cet esprit populaire, joyeux, ouvert à tous.

L'engouement avait commencé bien avant la cérémonie d'ouverture, dès le passage de la flamme à travers les territoires. De Marseille à Lille, de La Réunion à la Bretagne, des millions de personnes se sont rassemblées pour saluer son passage. Ce relais inédit, le plus long jamais organisé en France, a marqué une première réconciliation : celle des Français avec leur patrimoine, leurs paysages, leurs traditions locales. Chaque étape a transformé des places, des ports, des villages en scènes d'unité et de fierté. Le pays entier a vibré à l'unisson bien avant le début des compétitions, comme si la flamme avait rallumé un sentiment d'appartenance partagée.      

Les Jeux de Paris 2024 ont rappelé qu'il existe des lieux et des moments où l'on peut partager une même émotion, vibrer au même rythme, quelle que soit son histoire.      

Mais au-delà des exploits sportifs et de la magie de l'événement, les Jeux ont aussi constitué pour l'État une opportunité unique : placer le sport au cœur des politiques publiques et en faire un levier de réconciliation. Le ministère s'est appuyé sur cette dynamique pour valoriser des priorités durables : la santé, l'éducation, l'inclusion, la jeunesse, les territoires. En ce sens, les Jeux n'ont pas été seulement une fête sportive : ils ont servi de tremplin pour rapprocher les citoyens de politiques publiques parfois perçues comme lointaines ou abstraites.

La Grande Cause Nationale 2024 « Bouge 30 minutes chaque jour » en est l'illustration la plus forte. Comme les « 5 fruits et légumes par jour », ce message simple et fédérateur a mobilisé près de 100 partenaires et donné lieu à plus de 3000 événements partout en France. À l'issue de l'année, plus de 70 % des Français connaissaient ce repère de santé publique et 90 % en percevaient l'intérêt pour leur santé et leur bien-être. Derrière ces chiffres, il y a une réussite collective : celle d'une communication claire, incarnée et positive, capable de dépasser les clivages pour s'adresser à toutes et tous, et d'inscrire un réflexe de santé publique dans le quotidien.

Dans les écoles, la plus grande sortie scolaire jamais organisée - 190 000 élèves aux Jeux paralympiques - a permis à des enfants venus de toute la France de vivre ensemble une expérience unique, partageant la fierté et l'émotion des athlètes. Ces moments de ferveur sont venus prolonger des dispositifs éducatifs déjà en place, comme les 30 minutes d'activité physique quotidiennes, qui rappellent chaque jour que le sport est un outil d'éveil, d'équilibre et de cohésion. Le label Génération 2030 et le Pass'Sport renforcent cette dynamique en permettant à la jeunesse de s'engager, de pratiquer, et de se projeter dans un héritage concret.

Dans les clubs et sur les territoires, l'héritage prend aussi des formes tangibles : équipements rénovés, infrastructures nouvelles, baignade retrouvée dans la Seine, actions en faveur de l'égalité d'accès, développement de l'handisport et de l'inclusion. Derrière chaque mesure, un même fil conducteur : faire du sport un bien commun, accessible à toutes et à tous, quels que soient l'âge, la condition ou le territoire.

Cet héritage n'aurait pas la même force sans celles et ceux qui l'ont porté et raconté. La communication publique a joué un rôle essentiel dans cette appropriation. Elle a permis de donner une visibilité nouvelle aux politiques publiques en les inscrivant dans le grand récit collectif des Jeux. Elle a mobilisé plusieurs leviers : des messages clairs et universels comme « Bouger 30 minutes », des relais locaux pour incarner l'action au plus près des territoires, et des figures inspirantes, athlètes ou ambassadeurs, pour porter la parole au plus grand nombre. Elle a aussi su conjuguer pédagogie et émotion, en expliquant les dispositifs tout en suscitant la fierté et l'adhésion.      

En transformant des mesures parfois techniques en expériences partagées, la communication a fait émerger un héritage compréhensible, concret et appropriable par chacun.e.       

Elle a contribué à inscrire dans la mémoire collective que le sport n'est pas seulement une affaire de compétition, mais une langue commune, un outil de santé publique, un vecteur d'inclusion et de cohésion.

Un an après Paris 2024, la réconciliation ne se mesure pas seulement dans les stades pleins ou les médailles gagnées : elle s'incarne dans l'héritage que nous construisons ensemble. Réconcilier les Français avec leur santé, avec leurs territoires, avec leur patrimoine, mais aussi les uns avec les autres, voilà le véritable héritage de ces Jeux. Et c'est bien là la force de la communication publique prolonger l'émotion, transformer la fête en action, et inscrire le sport au cœur de notre pacte républicain.